La Rue des Masques
Au débouché des gorges du Queyras, sur environ deux kilomètres, entre Guillestre et Mont Dauphin, il existe un véritable canyon creusé par le torrent du Guil qui coule au pied de falaises de plus de 80 m de hauteur. Outre la beauté et richesse du paysage, c’est aussi un site majeur pour l’escalade, du fait de la constitution particulière de la roche qui est un conglomérat, appelé poudingue, composé de galets et de grès cimentés par de l’argile et du calcaire. Le long de la falaise côté Guillestre, existe un chemin profond et sombre, qui s’insinue dans des failles de rochers écroulés et érodés par le vent et l’eau, ce chemin porte le nom de Rue des Masques.
La légende
Depuis la nuit des temps, on raconte que, il y a très longtemps, des habitants du secteur virent la falaise se séparer et s’ouvrir ; des entrailles de la terre sortaient d’étranges bruits… Dans cette faille peu à peu l’herbe poussa, les hommes y allèrent alors avec leurs troupeaux. Bien plus tard des bergers dirent avoir vu des géants menaçants et refusèrent de retourner en ces lieux…. Un chemin passait aussi par là, et des personnes affirmèrent être passés en ce chemin au crépuscule et avoir entendu des bruits de voix, vu des lumières mouvantes, et même être poursuivis par des nains. Du coup tout le monde évita le chemin quand la nuit était tombée. On disait que les Masques, les sorcières, avaient pris possession des lieux et y vivaient en toute liberté. Plus tard le bruit courut que les Masques perdaient leurs pouvoirs et disparaissaient pendant toute la journée de Noël, que la montagne était emplie d’un trésor immense et que pendant la nuit de Noël la grotte d’entrée s’ouvrait et que pendant les 12 coups de minuit chacun pouvait se servir d’or.
Marguerite jeune veuve, devait mendier pour nourrir son jeune enfant. Un jour, elle entendit parler des Masques et de leur trésor. Elle tenta sa chance, attendant sans rien dire la nuit de Noël, et prenant son enfant dans ses bras elle s’approcha ce soir de Noël de la rue des Masques : un bruit métallique sort de la roche, de l’église d’Eygliers parvient étouffé le 1er coup de minuit, la roche s’ouvre, le trésor est devant elle. Elle dépose l’enfant sur un tas d’or, et pleure, vaincue par l’émotion . Mais d’un coup silence, le 12ème coup retentit, les parois se referment, Marguerite n’a pas le temps de réagir que déjà la grotte engloutit trésor et enfant. Elle a beau crier, supplier, pleurer, la pierre est immobile, elle est seule. Le jour arrive, Marguerite reste toute la journée à attendre, et s’endort de fatigue. Quand elle s’éveille elle est dans sa chambre, un pain est posé sur sa table, elle le mange et retourne à la rue des Masques, le soir elle s’endort de nouveau et de nouveau s’éveille dans sa chambre le lendemain, avec un nouveau pain.. Toute l’année, ses jours se passent ainsi, elle ne pense qu’à son fils. Noël revient, Marguerite, bien éveillée attend devant le rocher….. Le son métallique, le 1er coup de minuit parvient étouffé, la roche s’écarte … L’enfant est là qui lui sourit et lui tend les bras ! Alors Marguerite prend son enfant et s’enfuit, sans penser à d’autre trésor que son enfant. Et on raconte que depuis ce jour là, Marguerite et son fils ne connurent plus jamais la misère…
Source: Pays Guillestrin