Le Dauphiné, principauté indépendante au milieu du moyen âge puis province royale jusqu’à la révolution, tient son unité de l’histoire. Son territoire si vaste et divers – des Ecrins à la vallée du Rhône, des confins de la Bresse aux terres Provençales – ne favorisait pourtant pas une unité économique ou démographique, ni la formation d’une véritable identité culturelle. Cependant durant près de 800 ans, une construction politique forte a permis à cette région d’exister et de se développer. Aujourd’hui éclaté sur trois départements (Isère, Drôme, Hautes-Alpes), le Dauphiné reste une identité forte et bien ancré dans la mémoire des Dauphinois.
Occupé jadis par des tribus Gauloises dont les Allobroges, ce vaste territoire fut conquit par les romains à partir de 125 av. J.-C. A la fin du 5e siècle, profitant de l’effondrement de l’Empire romain d’Occident, les Burgondes fondent un vaste royaume qui couvre pratiquement tout le Sud-Est. Intégré au royaume des Francs mérovingiens à la fin du 6e siècle, ce territoire prend le nom de royaume de Bourgogne. Au 9e siècle, l’éloignement des centres du pouvoir, l’aspiration des aristocrates à une plus grande autonomie, la révolution castrale (multiplication des châteaux « privés ») favorisent l’émergence d’une conscience régionale. C’est du sein de ces lignages aristocratiques que s’affirme au début du 11e siècle, la famille des Guigues (comtes d’Albon) qui portera un siècle plus tard le titre de Dauphin. Loin des plaines du bas pays ou la concurrence des autres familles est trop forte, c’est dans les zones de montagnes que les premiers Dauphins vont établir leur autorité. Il faut attendre 1285 et la troisième génération de princes pour voir apparaitre la première occurrence du mot Dauphiné. En 1349, Humbert II cède la principauté du Dauphiné à la couronne de France et confie son pouvoir au petit-fils du roi de France, le futur Charles V (d’où le nom de « Dauphin » donné à l’héritier de la couronne). Durant plus de deux siècles, le Dauphiné conserve encore une certaine autonomie (assemblée autorisée à négocier l’impôt royal, droit de battre une monnaie ayant cours par tout le royaume, …). Au milieu du 17e siècle, Louis XIV parle de province du Dauphiné et non plus de principauté. Vocabulaire chargé de sens qui signifie le passage de l’héritage féodale « principauté » à des parties bien délimitées du royaume soumises à l’autorité du roi. Le 18e siècle fut une période de prospérité et de croissance économique pour le Dauphiné, dont la bourgeoisie, qui en récolta les fruits, fut à la tête du mouvement de contestation qui aboutit à la révolution puis à l’éclatement du Dauphiné en trois départements (Isère, Drôme, Hautes-Alpes) en février 1790.
Pratiquement, deux siècles plus tard, en 1982, le Dauphiné se trouva de nouveau partagé entre les régions Rhône-Alpes (comprenant la Drôme et l’Isère) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (incluant les Hautes-Alpes). Malgré tous ces découpages, le souvenir du Dauphiné perdure dans les mémoires, notamment à Grenoble qui fut durant plusieurs siècles le siège du parlement Dauphinois. Le drapeau du Dauphiné, dans sa version royale, est toujours fièrement affiché aux portes de Grenoble.
Pourquoi un Dauphin, symbole du Dauphiné ?
L’emblème du Dauphin est arboré par quelques chevaliers au retour de la première croisade (1099) dont les comtes d’Albon. Le Dauphin représente un animal de salut et de triomphe. Certains comtes d’Albon vont s’approprier ce symbole d’abord comme prénom (Delphinus), puis comme nom patronyme et enfin comme un titre de dignité. Il prend définitivement ce dernier sens à la fin du 13e siècle, avec l’avènement d’Humbert 1er.
Sources :
Nouvelle histoire du Dauphiné, édition Glénat
Histoire du Dauphiné, édition Yoran