Aujourd’hui, matériaux usuels et communs pour les alpinistes et grimpeurs, leur utilisation comme chaîne d’assurage a seulement un siècle !
La corde est sans doute le plus ancien moyen d’assurage utilisé. On trouve des descriptions de son utilisation dès le XVIe siècle où des paysans s’en servaient pour franchir cols et glaciers. Cependant, il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir son utilisation se généraliser mais sans faire l’unanimité. En effet, la corde d’alors est faite en chanvre, putrescible, sans élasticité, de faible résistance (500kg) et simplement passé autour de la taille. Si elle peut sauver des vies en provoquant parfois de graves traumatismes, elle peut aussi engendrer des tragédies dont la plus tristement connue est celle du Cervin qui précipite dans le vide quatre alpinistes après rupture de celle-ci! Elle va cependant devenir indispensable dès le début du XXe siècle avec l’ascension de voies d’escalade plus difficiles, puis utilisée systématiquement à partir de 1910 avec l’invention conjointe des pitons et mousquetons. Le matériaux évolue en 1947 grâce à la société Française Joanny qui remplace le chanvre par du nylon ce qui permet de rendre la corde dynamique et plus résistante. Elle dispose de nos jours d’une élasticité permettant d’absorber les chutes et sa charge de rupture dépasse les 2500kg. Il faut aussi noter l’arrivée en 1970 du harnais ou baudrier (développé par un Anglais) qui permet de ne plus s’encorder à la taille.
L’utilisation des pitons remonte sans doute à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle il sert essentiellement de point d’ancrage pour les rappels. Son évolution et développement est étroitement liée à celle du mousqueton, accessoire fondamental qui permet de faire le lien entre le piton et la corde. Jusqu’au début du XXe siècle, les grimpeurs devaient se décorder pour passer la corde dans l’œil du piton ! C’est vers 1910, dans les Alpes orientales qu’apparait cette chaine d’assurage (piton, mousqueton, corde) dont le principe est toujours appliqué aujourd’hui. Les premiers modèles de mousqueton utilisés par les pompiers munichois, sont repris et améliorés par les alpinistes Autrichiens et Allemands, mais ils sont lourds (130g) et présentent une faible résistance (450kg). Une avancée essentielle survient en 1939 avec le Français Pierre Alain qui conçoit le mousqueton moderne et réduit le poids de moitié (63g) tout en augmentant la résistance (750kg). Commercialisé après la seconde guerre mondiale, les modèles actuels en sont toujours dérivés avec des performances fortement améliorées. On trouve des mousquetons avec un poids de moins de 30g pour une résistance de plus de 2300kg. On notera aussi l’arrivée dans les années 1980 des goujons, tiges forées dans le rocher, qui présentent une résistance supérieure à celle des pitons (2500kg).
En France, cette chaîne d’assurage est présentée en 1932 dans la revue La Montagne mais contrairement aux Alpes orientales, son usage bien que connu reste d’une utilisation modérée jusque dans les années 1950.
Et en Oisans ! Le premier piton planté semble attribué à la cordée Autrichienne Purtscheller-Zygmondy en 1885 lors de la première traversée des arêtes de la Meije. Ce piton leur sert a accrocher la corde pour descendre à la force des bras à la brèche sous le Grand Pic. Il faut attendre les années 1930 pour voir ce système de progression et d’assurage utilisé en tant que tel, peut être par la cordée Boell-Le Ray lors de l’ascension de la face Sud de la Dibona en 1932.Source: Dictionnaire thématique des Alpes (Glénat) – Photos: Samivel