L’histoire de la Vallouise et des Vaudois est fortement liée. Affluente de la Durance, la vallée de la Vallouise s’enfonce profondément dans le massif des Ecrins et donne accès à un des hauts lieux de l’alpinisme : Ailefoide. C’est une des portes d’entrée du massif des Ecrins. Longue de 25 km, elle s’étage entre 1000m et 1900m. Elle est dominée par le Pelvoux et vient mourir au pré de Madame Carles, sous les Ecrins. Mais sous ce doux nom se cache une histoire mouvementée !
Au commencement était « Vallis Gerontonica », la vallée du Gyr, nom attesté dès 739, tout droit tiré de sa position géographique. Puis vint l’intermède tragique des persécutions contre les Vaudois. Alors « Vallis Gerontonica » devint au XIIIe siècle « Vallis Puta » (Vallée mauvaise), refuge des populations jugées hérétiques . En 1486, elle prit pour nom de « Vallis Loyssia » en l’honneur du roi Louis XI, qui demanda que prennent fin les poursuites contre les Vaudois. « Vallis Loysia » s’écrivit successivement « Valloyse », puis « Val Loyse », enfin « Vallouise », nom qu’elle abandonna quelques temps sous la période révolutionnaire à la fin du XVIIIe-début du XIXe siècle pour « Val Libre ».
Mais qui sont ces Vaudois, traqués et persécutés durant près de six siècles ?
Au XIIe siècle nait une confrérie religieuse, issue de la doctrine de Pierre Valdès, riche commerçant Lyonnais parti prêcher la parole du Christ sans être ordonné. Avec ses disciples, il sera excommunié en 1184. Les Vaudois littéralement « pauvres de Lyon » militent pour le dépouillement, la simplicité, l’aide aux pauvres et réfutent une église trop fastueuse.
Après 1292, à la fin de la répression contre les Cathares, l’église va se retourner contre ce nouveau mouvement de contestations. Ils seront alors persécutés et se réfugieront dans les vallées dauphinoises (les Escartons), dans le Lubéron, le Bugey et dans toutes les Alpes, en particulier sur leur versant Est. Les Vaudois sont jugés hérétiques, emprisonnés, leurs bien confisqués. les persécutions s’intensifient sous l’inquisition, menée par les archevêques d’Embrun et les seigneurs locaux, dont le Dauphin Humbert II. Les Vaudois quittent les grandes vallées et trouvent refuge dans les vallées perchées du Briançonnais : Freissinères, Vallouise, Fournel seront pour un temps leurs terres d’asile.
En 1393, l’inquisiteur « diabolique », François Borrely, fera brûler vif 230 Vaudois, dont 150 Vallouisiens, sur la place de la tour brune à Embrun. Ceux survivant au massacre iront se cacher encore plus profondément dans les montagnes. En 1478, un semblant de sursis leur est accordé par Louis XI qui les défend contre les exactions de Jean Baile (archevêque d’Embrun). Mais après la mort du roi, la chasse reprend de plus belle.
De nombreux noms de lieux rappellent ces tristes épisodes, véritables massacres de familles entières : la Grotte des Vaudois et le Cimetière des Vaudois dans la vallée de Freissinières ; La Serre des Hommes Morts ou Baume Chapelue à Ailefroide. On raconte qu’à cet endroit, des dizaines de Vaudois furent contraints de se jeter dans le vide et leurs chapeaux restèrent accrochés sur la falaise.
Une embellie arrivera au XVIe siècle. En 1501, les Vaudois seront absous par le Pape Pie III et Louis XII ordonnera la restitution de leurs terres. Malheureusement, François 1er n’aura pas la même tolérance que son prédécesseur. En 1545, avec son aval, tout une communauté est massacrée dans le Luberon. Plus de 3000 personnes sont torturées et tuées, plus d’un millier d’hommes envoyés aux galères. En 1532, Ils seront « obligés » d’adhérer à l’église protestante mais cela ne mettra pas fin aux persécutions. Il faudra attendre le 17 février 1848 pour que les Vaudois puissent enfin avoir des droits civiques et la liberté religieuse.